Artablism est un mot qui nomme une pratique déjà existante.

Elle s’enracine dans le turntablism, dans la performance, dans l’expérimentation, dans les manières de transformer le son en geste et le geste en forme.

Ce terme désigne un champ où le DJ ne se limite plus à faire danser, mais compose, analyse, dessine, mémorise et transmet en manipulant le disque et la platine.

Artablism ne désigne pas un style ou une scène unique.

C’est un territoire ouvert, une bibliothèque en expansion, traversée par des pratiques multiples.

Définition générale

Artablism désigne les pratiques qui :

utilisent les techniques du turntablism (scratch, beat juggling, manipulation du sillon),
considèrent le geste du DJ comme forme, comme écriture possible,
articulent son, mouvement, image et dispositif technique,
produisent des formes hybrides : partitions graphiques, installations sonores, performances, dessins mécaniques, enregistrements spectrogrammiques, écritures gestuelles.

Le disque tourne, la main agit, l’oreille oriente, l’image apparaît.

L’acte de scratcher devient méthode de pensée.

Origines du projet (perspectives personnelles)

Mon propre travail autour de l’Artablism commence au début des années 2000, avec les expérimentations du Phonoptique : capter les gestes du scratch pour en produire des formes visuelles.

Ces recherches se sont prolongées par :

l’étude des notations du scratch (TTM, partitions graphiques, relevés gestuels),
la transformation du son en image (spectrogrammes, tracés temporels),
la création de dispositifs où dessin et son sont produits simultanément,
la stéganographie audio et l’écriture cachée dans le spectre sonore,
la fabrication de machines, moteurs, platines modifiées et systèmes de capture gestuelle.

Cependant, l’Artablism ne se limite pas à ce travail.

Il n’est ni signature, ni mouvement personnel, mais champ collectif.

À propos des images générées par IA (depuis 2023)

Les images publiées ici ne sont pas l’origine de l’Artablism.

Elles constituent une extension visuelle, un moyen de penser en images ce qui se joue dans le geste, le son, l’écoute, la mémoire.

Elles ne remplacent pas le geste réel.

Elles en proposent des traductions, des hypothèses formelles, des visualisations.

Méthodologie ouverte

L’Artablism se déploie selon plusieurs axes, qui peuvent être combinés :

Axe	Description
Geste	Manipulation du disque, aiguille, crossfader, vitesse, pression, micro-mouvement.
Traduction	Passage du son vers l’image, du mouvement vers l’écriture, de la vibration vers la forme.
Dispositif	Construction ou adaptation d’outils : mécanique, électronique, numérique.
Transmission	Ateliers, partitions, documentation, oralité, pédagogie par le geste.
Situation	Performance, improvisation, installation, espace partagé ou collectif.

Aucun axe n’est obligatoire. Tous peuvent se combiner.

Figures Artablist (constellation ouverte)

Cette liste n’est pas un panthéon ni une hiérarchie.

Elle constitue une cartographie en mouvement, une généalogie vivante de pratiques.

Turntablism : geste, vitesse, langage

Grand Wizard Theodore

Grandmaster Flash

DJ Q-Bert

DJ Babu

D-Styles

Mixmaster Mike

Craze

Ritchie Ruftone

Netik

Teebee

Trix

A-Trak

K-Swift

Ce qui articule la platine à l’art contemporain

Christian Marclay

Maria Chavez

eRikm

Philip Jeck

Janek Schaefer

Mika Vainio

Ce qui a rendu le son manipulable

Pierre Schaeffer

Pierre Henry

Éliane Radigue

Luc Ferrari

Geste / Image / Machine

RAMMΣLLZΣΣ

Ryoji Ikeda

Norman McLaren

Jean Tinguely

Haroon Mirza

Extensions actuelles et contemporaines

Michaël Sellam

DJ Raedawn (TTM Academy)

DJ Claim

DJ Focus

Laurent Burte

Ces noms forment un continuum, non des cases séparées.

À ceux qui disent « à quoi ça sert ? »

On entend parfois :

« Ce n’est pas du DJing »

« L’important c’est de faire danser »

« Expérimenter ne sert à rien »

Or, tout dans le DJing contemporain est né de l’expérimentation.

Sans Thomas Edison et Émile Berliner, il n’y aurait pas de disque.

Sans disque, pas de DJ.

Sans les bricolages électriques de Grandmaster Flash,

sans les recherches gestuelles de la DMC,

sans les laboratoires sonores de Schaeffer, Henry, Radigue, Ferrari,

sans les manipulations matérielles, les essais, les erreurs, les obsessions :

le DJ « qui fait danser » n’existerait pas.

L’invention précède toujours l’usage.

L’expérimentation précède toujours la norme.

Ceux qui inventent ne sont pas la marge : ils sont l’origine du futur.

L’Artablism est une pratique du réel.

Une manière de penser par le geste, d’écouter en manipulant, d’écrire en frottant, de transmettre en jouant.

Il ne s’agit pas d’ajouter de l’art au DJing.

Il s’agit de reconnaître que le DJing est déjà un art, dès lors que l’on observe le mouvement qui le constitue.

L’Artablism continue.

Par les mains qui inventent,

par les gestes qui persistent,

par les formes qui se déplacent,

par les machines qui se transforment.

English Version //////

Artablism: A Living Practice of Gesture, Sound, and Image

Artablism is a word that names a practice that already existed.
It grows out of turntablism, performance, experimentation, and the ways sound can be transformed into gesture, and gesture into form.
The term describes a field in which the DJ is no longer limited to making people dance, but instead composes, analyzes, draws, records, and transmits through the manipulation of the record and the turntable.

Artablism is not a genre or a singular scene.
It is an open territory, an expanding library of approaches and gestures.

General Definition

Artablism refers to practices that:

use turntablist techniques (scratch, beat juggling, groove manipulation),
consider the DJ gesture as form, as a possible writing system,
connect sound, movement, image, and technical device,
produce hybrid forms: graphic scores, sound installations, performances, mechanical drawings, spectrographic inscriptions, gestural scripts.

The record spins, the hand acts, the ear guides, the image emerges.
Scratching becomes a method of thinking.

Origins of the Project (Personal Perspective)

My own work related to Artablism begins in the early 2000s with the Phonoptique experiments: capturing scratch gestures to produce visual forms.

This research continued through:

the study of scratch notation systems (TTM, graphic scores, gesture diagrams),
the transformation of sound into image (spectrograms, temporal lines),
the construction of devices that produce drawing and sound simultaneously,
audio steganography and hidden writing in the sound spectrum,
the building of machines, motors, modified turntables, and gesture sensors.

But Artablism is not limited to my work.
It is neither signature nor personal territory, but a shared field.

About the AI-Generated Images (Since 2023)

The images published here are not the origin of Artablism.
They are visual extensions—a way to think in images about gesture, sound, memory, and form.

They do not replace the real gesture.
They function as translations, hypotheses, visual reflections.

Open Methodology

Artablism unfolds across multiple axes, which may be combined:

Axis	Description
Gesture	Manipulation of record, needle, crossfader, speed, pressure, micro-movements.
Translation	Converting sound into image, movement into writing, vibration into form.
Device	Constructing or adapting tools: mechanical, electronic, digital.
Transmission	Workshops, scores, documentation, oral knowledge, embodied pedagogy.
Situation	Performance, improvisation, installation, shared listening spaces.

No axis is mandatory.
All may overlap and evolve.

Artablist Figures (An Open Constellation)

This is not a hierarchy or canon.
It is a living cartography.

Turntablism: Gesture, Speed, Language

Grand Wizard Theodore
Grandmaster Flash
DJ Q-Bert
DJ Babu
D-Styles
Mixmaster Mike
Craze
Ritchie Ruftone
Netik
Teebee
Trix
A-Trak
K-Swift

Where the Turntable Meets Contemporary Art

Christian Marclay
Maria Chavez
eRikm
Philip Jeck
Janek Schaefer
Mika Vainio

Those Who Made Sound a Material

Pierre Schaeffer
Pierre Henry
Éliane Radigue
Luc Ferrari

Gesture / Image / Machine

RAMMΣLLZΣΣ
Ryoji Ikeda
Norman McLaren
Jean Tinguely
Haroon Mirza

Contemporary Extensions

Michaël Sellam
DJ Raedawn (TTM Academy)
DJ Claim
DJ Focus
Laurent Burte

These names form a continuum, not separate compartments.

To Those Who Say “What’s the Point?”

Some say:
“This isn’t real DJing.”
“The point is to make people dance.”
“Experimentation is useless.”

Yet everything in modern DJing was born from experimentation.

Without Thomas Edison and Émile Berliner, there would be no record.
Without record → no DJ.

Without Grandmaster Flash’s homemade turntable modifications,
without the DMC era of scratch research,
without the sound labs of Schaeffer, Henry, Radigue, Ferrari,
without tinkering, error, obsession:

The DJ “who makes people dance” would not exist.

Invention always comes before convention.
Experimentation always precedes the norm.

Those who innovate are not the margin.
They are the origin of the future.

Artablism is a practice rooted in reality:

a way of thinking through gesture,
listening through touch,
writing through friction,
transmitting through action.

It is not a matter of adding “art” to DJing.
It is a matter of recognizing that DJing is already an art whenever one observes the movement that constitutes it.

Artablism continues.
Through the hands that invent,
through gestures that persist,
through forms that shift,
through machines that adapt.

Cette suite d’images est accompagnée de leurs prompts en français et en anglais.

This series of images is accompanied by their prompts in French and in English.

*some prompt are cut...

Prompt : "Photo d'une salle d'exposition d'art éclairée avec des toiles accrochées au mur montrant des représentations visuelles d'ondes sonores. Au centre de l'image un DJ."

2023, Matthieu Crimersmois

Prompt: "Photo of an art exhibition room lit with paintings hanging on the wall showing visual representations of sound waves. In the center of the image, a DJ."
2023, Matthieu Crimersmois

Illustration montrant la juxtaposition de deux mondes distincts :

à gauche, la banlieue parisienne avec des immeubles gris et des graffitis colorés ;

à droite, des artistes des Beaux-Arts.

Au centre de l’image, un DJ-peintre tenant un vinyle dans la main.